Le Système Immunitaire

Comment fonctionne le système immunitaire?

Le système immunitaire est comparable à une armée personnelle, sensée défendre le corps des attaques d’agresseurs de toutes sortes, les microbes en particulier. Ici nous allons faire un bref survol de ce fascinant système de défense, en découvrant les militaires de cette armée, comment ils vivent, ce qu’ils font pour nous et ce qui arrive s’ils s’embrouillent. En simplifié, mais clair, net et précis!

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Qui sont ces militaires?

Différents membres composent le système immunitaire : ce sont les cellules immunitaires, dont la fonction est militaire. Elles sont aussi appelées globules blancs ou leucocytes (en grec : leukos = blanc, kytos = cellule). Elles ne sont pas visibles à l’œil nu (mesurent environ 1 millième de centimètre), mais le sont par contre au microscope.

Elles forment une armée personnelle, c’est-à-dire avec pour territoire à défendre le corps de l’individu auquel elles appartiennent. C’est leur pays. Les frontières sont la peau et les muqueuses (intérieur du nez, des voies respiratoires et digestives, entre autres), qui ont pour fonction d’être des remparts bloquant l’ennemi. L’armée reconnaît ce territoire et ses habitants comme siens, ce que l’on appelle le «soi», et les ennemis sont donc le «non soi». Ces derniers n’ont pas le drapeau «soi» collé sur eux. Ce sont principalement les microbes. Notre armée a pour principal rôle de nous en défendre.

Toutes ces cellules immunitaires naissent dans la moelle osseuse. Leurs parents sont les cellules souches hématopoïétiques (du grec : haimatos : le sang, et poïesis : fabrication). Celles qui sont faites pour se battre, les globules blancs, sont recrutées à cet endroit, si elles sont assez robustes et sans anomalie. Celles qui n’ont pas ces deux dernières caractéristiques sont éliminées. Les autres éléments produits par les cellules souches hématopoïétiques, les globules rouges et les plaquettes, partent dans la circulation sanguine pour jouer leurs rôles respectifs, c’est-à-dire transporter l’oxygène et arrêter les saignements.

Comment sont-ils formés?

Une fois recrutés, les globules blancs se répartissent pour faire leur formation. Une partie d’entre eux, les sentinelles, savent de manière innée quels sont leurs ennemis. Elles savent reconnaître les signaux de danger et les intrus. Elles peuvent donc se répartir dans le corps, surtout aux frontières, pour monter la garde. Il s’agit des cellules dendritiques, des macrophages, des mastocytes et des cellules lymphoïdes innées (ILC = innate lymphoid cells). D’autres sentinelles patrouillent, comme les cellules NK (Natural Killers), ou viennent à la rescousse des autres sentinelles en cas d’alarme, comme les monocytes, les neutrophiles, les éosinophiles et les basophiles. Ils naissent aussi en sachant ce qu’ils ont à faire. Tous ces militaires se battent au corps à corps avec l’ennemi. Ils font partie de l’immunité innée.

D’autres militaires ont besoin d’un apprentissage, car leur rôle est plus compliqué. Ils doivent intervenir en cas de grande invasion, pour coordonner les opérations, sans s’attaquer à leur propre territoire, qu’ils doivent apprendre à tolérer. Ceux qui sont rebelles et veulent l’attaquer sont éliminés. Dans ce groupe figurent les cellules de l’immunité acquise, c’est-à-dire l’immunité qui nécessite un apprentissage. Ce sont les lymphocytes T (entraînés dans le thymus, organe près du cœur) et les lymphocytes B (entrainés dans la moelle osseuse). Pendant leur formation, ces derniers apprennent aussi à fabriquer des armes, les anticorps.

Où et comment vivent-ils?​

Les sentinelles (cellules dendritiques, macrophages, mastocytes et cellules lymphoïdes innées, ILC = innate lymphoid cells) vivent aux frontières, appelées interfaces, c’est-à-dire dans la peau et les muqueuses (les conjonctives, la sphère ORL, le tractus respiratoire, le tractus digestif, les muqueuses uro-génitales). Là, elles montent la garde. Les patrouilleurs (cellules NK, monocytes, neutrophiles, éosinophiles et basophiles), eux, vivent dans le sang.

Les lymphocytes vivent dans les quartiers généraux, qui se situent dans les ganglions lymphatiques, la rate et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT = Mucosa-Associated Lymphoid Tissue). Ils se reposent tant qu’aucune sentinelle ne donne l’alarme d’une grosse attaque ou d’un gros problème.

Chacune dans son lieu de vie, ces cellules respirent l’oxygène que fournissent nos poumons, transporté dans les vaisseaux sanguins par les globules rouges, et mangent les aliments que notre tube digestif leur fournit, fragmentés en toutes petites portions, proportionnelles à la taille de ces militaires, portions aussi acheminées par les vaisseaux sanguins. Les boissons (eau) sont aussi transportées ainsi.

Que font-ils en première ligne?

L’immunité innée est le travail des militaires qui n’ont pas besoin de formation. Ils naissent avec les outils pour se battre au corps à corps. Ce sont les sentinelles, qui surveillent les frontières et le reste du territoire, en général en étant postées à un lieu précis. Par exemple, si un microbe (virus, bactérie ou autre) entre dans le nez d’une personne, ces sentinelles le reconnaissent comme un intrus et vont l’attraper. Si l’intrus est trop agressif ou s’il y en a beaucoup, les sentinelles donnent l’alarme aux patrouilleurs, afin qu’ils viennent en renfort. Ils envoient des signaux et des courriers très rapides, les cytokines, pour signaler leur position et de quoi ils ont besoin. Quand arrivent sur le lieu de bataille les militaires du renfort, ils se battent aussi avec leurs armes qu’ils ont toujours avec eux (mitraillettes, grenades, etc), ce qui fait comme un feu. C’est  l’inflammation (du latin inflammatio = incendie). La personne la ressent par de la fièvre, des douleurs, une rougeur, entre autres.

Aux interfaces, les sentinelles sont aidées par des microbes qui y habitent, entre autres des bactéries. C’est la flore microbienne ou le microbiote local. Ces microbes collaborent avec les militaires pour chasser les intrus. Ils ne sont pas attaqués par l’armée, et ne tentent normalement pas d’envahir le territoire. Ils sont tolérés à la frontière et,  pour cela, doivent respecter l’ordre. En contrepartie, ils se battent contre tout envahisseur.

Que font les stratèges?

Dans les situations plus difficiles, l’immunité acquise est avertie par les sentinelles, en même temps que les patrouilleurs, mais elle met plus de temps à agir.

L’ennemi, rendu inoffensif, est d’abord amené au quartier général (ganglions lymphatiques, rate, tissu lymphoïde associé aux muqueuses) par une sentinelle, où il est examiné. Selon sa taille, sa force et ses armes, les généraux (lymphocytes T auxiliaires, Th = T helpers) décident de la stratégie à adopter. Ils appellent tous les autres généraux (lymphocytes T cytotoxiques et lymphocytes B), choisissent entre un combat à distance, au corps à corps ou les deux en même temps (le plus souvent). Lorsqu’ils ont décidé de la stratégie à adopter, ces lymphocytes auxiliaires serrent la main à tous les généraux qui ont les compétences pour aller se battre contre l’ennemi en question, pour leur donner l’autorisation de se battre.

Le combat au corps à corps est fait par les lymphocytes T cytotoxiques, spécialistes du combat au poignard, et le combat à distance est réalisé par les lymphocytes B, qui prennent alors le nom de plasmocytes et sont des tireurs professionnels d’anticorps.

Le début des hostilités est aussi signalé à des généraux surveillants, les lymphocytes T régulateurs, qui décideront quand il faut mettre fin au combat.

Plusieurs de ces généraux, les cellules mémoire, n’ayant pas eu besoin de se battre garderont en mémoire la stratégie de bataille et les armes nécessaires, afin de pouvoir réagir plus vite en cas de nouvelle attaque du même ennemi.

A la fin du combat, les soldats patrouilleurs réquisitionnés sur le terrain et les sentinelles font le ménage et reconstruisent au mieux ce qu’ils ont abîmé ou détruit (cicatrisation). Ils font le même travail en cas de tremblement de terre (coupure, chirurgie, brûlure…).

Et si le système s'embrouille?

Le système peut s’embrouiller à toutes les étapes et ainsi induire des maladies.

Si les militaires ne sont pas produits en quantité suffisante ou ne savent pas se battre contre les intrus, une immunodéficience (= déficit immunitaire) peut survenir. Elle peut être primaire, c’est-à-dire génétique, ou secondaire, suite à un traitement immunosuppresseur (pour une maladie dysimmune, pour un cancer, etc), à une infection (comme le VIH), à la malnutrition (qui est la principale cause de déficit immunitaire à l’échelle mondiale), entre autres. Tout ceci mène à une plus grande susceptibilité aux infections, principalement. Cela peut rendre les vaccins (sensés entraîner la mémoire immunitaire) moins efficaces. Aussi, si les militaires ratent une cellule défectueuse, en ne la voyant pas parce qu’elle cache ses défauts, par exemple, un cancer peut survenir.

Si les militaires de l’immunité innée sont trop réactifs, c’est-à-dire qu’ils ne réagissent pas comme prévu contre les microbes et proportionnellement à leur nombre et leur dangerosité (ce qui se manifeste par les symptômes de l’infection), mais qu’ils donnent l’alarme sans raison valable, une maladie auto-inflammatoire se produit.

Lorsque les militaires de l’immunité acquise sont trop réactifs, ils peuvent se tromper de cible et attaquer le corps qu’ils devraient défendre, souvent en confondant les éléments du corps avec des microbes, induisant ainsi une maladie auto-immune, ou ils peuvent rejeter des choses inoffensives comme les plantes, les animaux, les cosmétiques, les médicaments, entre autres, et produire une allergie. Si certains militaires de l’immunité innée sont trop réactifs (mastocytes principalement), ils peuvent provoquer une pseudo-allergie, c’est-à-dire les mêmes symptômes qu’une allergie mais sans avoir précisément reconnu la substance déclenchante, juste par excès de colère.

Si trop de militaires se battent à un endroit, une pseudo-tumeur peut se former, c’est-à-dire un amas de cellules qui ne sont pas les mêmes (pas issues du même clone, comme dans une tumeur), mais juste trop nombreuses regroupées au même endroit.

Si les militaires, à la fin du combat, n’arrivent pas à réparer les dégâts, un défaut de cicatrisation peut survenir.